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Que risque-t-on à continuer d’ignorer le phénomène « FinTech » ?


Les FinTech ne se résument pas à des start-up californiennes qui financent des projets innovants. C'est aussi un risque pour les États de perdre leur souveraineté en matière de politique monétaire et de traçabilité fiscale.

L’heure est à la nouvelle économie, née de la conjonction du digital et du modèle de l’économie du partage. Tous les secteurs sont concernés et en particulier ceux faisant l’objet d’une réglementation spécifique, comme les taxis, l’hôtellerie, les universités, etc.
La finance est la dernière illustration d’un secteur soumis au cocktail digital et partage. Plusieurs start-up américaines ont mis en lumière ces derniers mois ce phénomène dit « FinTech », en particulier lors de l’introduction en bourse de Lending Club et une valorisation grimpant jusqu’à 9Md$ la journée de son introduction.

Le modèle qu’impose ces nouveaux acteurs digitaux va au-delà d’une simple innovation numérique à intégrer par les banques. Plutôt qu’un modèle centralisé où la confiance repose sur l’Etat, ces start-up proposent un modèle décentralisé où la confiance repose sur la foule. A l’instar d’Uber et de Blablacar dans la mobilité, des plateformes se créent pour assurer ce rôle de tiers dans l’investissement, le financement et le paiement. 

Les banques traditionnelles bousculées

La France est exclue de cette dynamique : en 2014, c’est 12Md$ investis dans ce domaine aux Etats-Unis, et à peine plus de 200M$ en France. Pourtant, l’enjeu économique est fort puisque ces sociétés tendent à remettre en cause le modèle de la banque universelle, si prégnant aujourd’hui en France. Cela se traduisant déjà par la disparition de milliers d’agences bancaires.
Pendant que l’Union européenne et la France protégeaient de plus en plus les banques contre leurs propres prises de risques financiers par des contraintes prudentielles (Bâle III en étant la dernière mouture), par des interventions des Etats, le danger pour les banques grandissait à l’extérieur. Est-ce qu’à trop contraindre ses activités traditionnelles, la banque ne s’est-elle pas coupée du marché et de l’innovation, accélérant sa propre perte ?

Vers une perte de souveraineté

L’enjeu le plus important n’est pas la survie des banques mais notre souveraineté. Quelle sera notre souveraineté monétaire, dans la mesure où la marginalisation des banques remet en cause leur rôle comme courroie de transmission des politiques monétaires ? Quelle sera notre souveraineté économique, puisque les acteurs financiers qui irriguent l’économie auront des directions installées à San Francisco ?
Enfin, quelle sera notre souveraineté fiscale lorsque les paiements ne transiteront plus par des banques mais par Apple et Google ? La fraude massive à la TVA déjà observée illustre la difficulté à prélever l’impôt indirect sans contrôle des moyens et systèmes de paiements. Les risques portent aussi sur le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme, la protection des données personnelles, etc.
Ainsi, l’image séduisante et « flower power » de ces start-up masque de véritables enjeux pour notre société. Comment les accompagner efficacement sans se réfugier dans la norme et la cogestion d'artifices inutiles, comme le montre le cas d’Uber ? L’enjeu n’est pas de défendre le banquier mais notre avenir. Uber est l’exemple d’une incapacité à garder la valeur ajoutée en France qu’il faudra éviter de reproduire. 

Par Pierre Alexis de Vauplane, chargé d'affaires chez Gravitation le 04092015



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