La génération Z: plus difficile à manager que les Y
Ils ont moins de 20 ans aujourd'hui, ils sont nés avec Internet et
croient au partage, à la sincérité ou à l'exemplarité... La génération Z
sera difficile à manager, peut-être même plus que la génération Y. Dans
son livre "Le prix de la confiance", Didier Pitelet décrit ces futurs
salariés et donne les clés aux entreprises pour anticiper leur arrivée.
Extraits du livre "Le prix de la confiance" de Didier Pitelet (Editions Eyrolles)
Les Z, dits mutants, nés à partir de la deuxième moitié des années 1990. Contrairement à ses aînées, cette génération n’a pas découvert les
affres de ce monde très dur, elle est née avec, greffée à une réalité
digitale permanente. La cruauté de la société contemporaine
fait partie de ses postulats. Contrairement à ses aînées, cette
génération n’a pas eu à accompagner l’essor des nouvelles technologies,
elle les a ingérées. Elle a toujours vécu une souris ou un smartphone à
la main, vivant en permanence sur plusieurs niveaux de temps, d’espace,
de relation, c’est pourquoi j’aime à l’appeler la génération
« mutante ».
De bons éléments
Nés greffés avec une souris d'ordinateur et un smartphone dans les mains, épris de liberté de parole, les Z seront difficiles à manager si l'on en croit l'analyse de Didier Pitelet. Le président de Moons'Factory voit ces « mutants » de moins de 20 ans comme des utopistes, peu dociles qui exigeront un management ad hoc : « Canaliser leur énergie à des fins positives supposera de mettre en place des modèles de management structurants, éducatifs et psychologiques. » - L'expert les voit cependant comme de bons éléments pour l'entreprise : « Ni matérialistes ni carriéristes, les Z ne saucissonnent pas, ils trimbaleront leur maison au bureau et leur bureau à la maison. Au final, ils travailleront autant que leurs aînés à condition d'y trouver un intérêt et de donner du sens à leur quotidien. »
Un modèle de management à reconstruire
La génération mutante est une bombe à retardement pour l’entreprise. La neutraliser, ou plutôt canaliser son énergie à des fins positives, supposera de mettre en place, en amont, des modèles de management très structurants, éducatifs et pédagogiques. Objectif : faire accepter et respecter les règles du jeu.
Le sport collectif est la référence à retenir. Dans une équipe, il peut
y avoir des personnes différentes en matière d’âge, d’origine et de
personnalité. Tous respectent la même règle. Demain, une logique de
droits et de devoirs s’imposera à l’entreprise. Bien évidemment, ces
droits et devoirs imposeront une exemplarité totale de la part du management, comme nous le verrons un peu plus loin au sujet du leadership de demain.
Tous les fondamentaux du management vont être remis en question par la génération Z.
Que va devenir la culture d’entreprise dans un monde où les individus
seront eux-mêmes leurs propres marques ? Comment organiser la
transversalité quand, même dans les funestes organisations matricielles,
la structure hiérarchique de haut en bas reste le repère essentiel ?
Pour intégrer et fidéliser les Z, l’entreprise devra se réapproprier des
mots tombés en désuétude et des comportements passés par pertes et
profits : partage, générosité, sincérité, exemplarité…
Dans la société, l’opinion publique est d’ores et déjà en train de les
réhabiliter en usant abondamment de l’amplification des réseaux sociaux.
Ayons en souvenir le mouvement des indignés et le rejet massif du
gouvernement de Jean-Marc Ayrault, associé à l’impopularité de François
Hollande, en raison du décalage énorme entre promesses électorales et
réalité… La malhonnêteté intellectuelle de droite comme de gauche ne
paie plus…
L’ère de la coresponsabilité
D’évidence, la génération mutante ne sera pas docile. L’entreprise devra démontrer au salarié Z son engagement et sa capacité à miser sur lui si
elle veut réussir à l’intégrer et à le fidéliser. Pour tout ce qui
touche à l’humain, plus question de se contenter de beaux discours. Les Z demanderont des preuves.
Tout le contraire de la logique « dominant-dominé », de censure et de
contrôle, qui a façonné les organisations jusqu’à présent. L’entreprise
entre dans l’ère de la coresponsabilité, en matière de gestion et de détention de l’information et de sa réputation.
On commence seulement à comprendre qu’elle a partiellement perdu les
moyens de maîtriser son image. Grâce aux réseaux sociaux, beaucoup moins
prévisibles que les médias de masse, d’autres peuvent s’immiscer dans
leurs discours. Mais à l’inverse, elle pourra transformer cette
faiblesse en force en jouant sur l’effet démultiplicateur de ses propres
salariés, eux-mêmes émetteurs d’information.
L’ère des « slashers »
Cette génération entend se réaliser par elle-même, indépendamment des
institutions – État, entreprises ou représentation politique –
respectées par ses aînées. Déjà, certains Y ont contourné la précarité
en cumulant plusieurs emplois, parfois très différents. Ce sont les
« slashers » – un terme inspiré du « slash », la barre penchée du
clavier d’ordinateur – pour qui cette situation devient quelquefois un
mode de vie assumé. Les Z pourront parfaitement faire cohabiter statut de salarié et statut d’entrepreneur par exemple. Du cumul d’emploi pour survivre ou mieux vivre, les Z passeront à la multiplicité simultanée des expériences de vies. En ce sens, il y a urgence à rompre avec les clichés archaïques du temps partiel souvent
synonyme aux yeux des politiques, mais aussi d’une part de l’opinion
publique, de précarité et de petits jobs. Entre temps partiel subi et
temps partiel choisi, il y a un monde ! Malheureusement vu de notre
vieux pays et de son administration, le temps partiel confère aux
employeurs qui le pratiquent avec sérieux un amalgame systématique avec
ceux qui en abusent au détriment de leurs salariés.
article de Marie-Sophie Ramspacher |
25/01/2013
paru dans les Echos Business
paru dans les Echos Business
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire