La religion au travail, une question centrale
La religion en entreprise n'est pas une problématique "marginale", révèle les résultats d'une étude Randtsad et de l'Observatoire du fait religieux. Un DRH sur trois y a été confronté.

Près d'un responsable des ressources humaines
sur trois a déjà été confronté à des problématiques liées à la religion
dans son entreprise, signe que la question n'est pas "marginale",
indique une étude rendue publique lundi 27 mai, alors que l'idée de
revoir la législation a ressurgi récemment.
Après l'annulation
fin mars par la Cour de cassation du licenciement d'une employée voilée
de la crèche Baby Loup de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines), François
Hollande s'était prononcé en faveur d'une intervention limitée du
législateur, cantonnée aux structures de la petite enfance. Mais des
élus UMP ont déposé une proposition de loi sur la neutralité religieuse,
qui doit être examinée à l'Assemblée le 6 juin.
Elle propose de modifier le Code du travail
pour que le règlement intérieur d'une entreprise ou association puisse
réglementer le port de signes et les pratiques manifestant une
appartenance religieuse.
Pas opportun de faire une loi
Toutefois,
selon l'enquête* de l'Institut Randstad et de l'Observatoire du fait
religieux en entreprise (Ofre), l'opportunité d'une loi ne semble pas
convaincre grand monde dans les entreprises.
Plus de la moitié
des responsables des ressources humaines (RH) interrogés (55%), 75% des
managers de terrain et 50% des salariés jugent en effet que cela
n'aurait pas grande utilité voire que ce serait dommageable.
Pour
plus de 70% des personnes interrogées, il revient à l'entreprise
d'adopter une politique claire sur ces questions. Selon l'étude, 28% des
responsables RH ont été confrontés à la question. Celle-ci est
davantage une préoccupation dans les grandes villes, relève l'enquête:
en Ile-de-France, 43% des responsables RH rapportent ainsi avoir connu
ou connaître des problèmes liés au fait religieux, tandis qu'ils sont
moins de 5% en Bretagne.
La question va devenir "problématique"
Les problèmes identifiés sont notamment le refus par un salarié de
travailler avec une femme ou sous les ordres d'une femme, la prise de
pause en dehors des horaires prévus, la prière sur le lieu de travail ou
encore le port de signes religieux ostentatoires alors que ce n'était
pas le cas auparavant. Même si peu de cas (6%) amènent à des situations
de blocage ou de conflit, l'essentiel de problèmes étant résolus
localement, 41% des cadres RH pensent que la question va devenir de plus
en plus problématique.
Du côté des managers de terrain, 80%
indiquent ne pas ressentir de malaise face à cette question, même si 42%
reconnaissent que cela influe sur leur façon de procéder lorsqu'ils y
sont confrontés. Chez les salariés, la religion n'est pas un sujet pour
la majorité: 68% des sondés indiquent ne pas connaître, ou seulement
partiellement, la religion de leurs collègues.
*L'enquête a été
réalisée entre septembre 2012 et mars 2013, auprès de 210 cadres des
ressources humaines, 481 managers de proximité et 679 salariés.
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